Le nez dans le portable
Lors d'un séjour récent en région parisienne, j'ai pris les transports en commun : R E R, tram, métro. Et j'ai constaté amèrement qu'autour de moi, les usagers avaient le nez baissé sur leur portable.
Et je me suis rappelée les années où j'allais travailler en métro, bus, RER ; évidemment cela date un peu ! De 1950 à 1985.
En ces temps là, tout comme maintenant, d'ailleurs, les horaires de travail nous faisaient côtoyer les mêmes personnes. Alors, on finissait par se sourire, puis se saluer de la tête, et on échangeait quelques mots. De 1966 à 1968, j'ai pris un bus de banlieue à banlieue avec horaires précis, les passagers étaient ceux qui avaient des obligations identiques. Et il s'est formé un petit clan à quatre, assis face à face - celui de l'aller différent de celui du retour - et, durant la presque une heure du trajet, on se parlait, on échangeait des impressions, des anecdotes, des souvenirs.
Je ne fais pas la fine bouche ! Un portable, j'en ai un !
Mais pour éviter de déranger le ou la destinataire, parfois au travail ou dans sa voiture, je préfère utiliser les SMS, qu'il, ou elle, lira discrètement lorsqu'il, ou elle, sera disponible pour me répondre oralement ou par SMS également.
C'est ainsi qu'a agi ma fille pour savoir l'heure de mon retour d'une visite dans Paris. Je devais prendre le RER C à Bibliothèque F M pour descendre à la gare de St MsO où elle m'attendrait. Le RER C part de Versailles Château et après un tronc commun qui va jusque cette station Bibliothèque FM, plusieurs lignes se dirigent différemment en banlieue sud et ouest. Il faut donc repérer celle qui convient. Et je n'ai pas manqué de voir que ma rame serait la deuxième. Je me plonge sur le portable et je rédige la réponse à ma fille sans me soucier de ce qui se passe sur le quai. Pour donner une heure approximative, je lève le nez sur le tableau indicateur. Oh là ! Il faut faire vite mon train, devenu premier de la liste, est signalé "à l'approche" et j'en vois un arriver à ce moment là. J'expédie mon message et monte m'asseoir dans le wagon. Quand le train s'est arrêté à une gare dont le nom m'était inconnu, je ne me suis pas inquiétée puisque je ne suis pas usagère courante. Mais il y a eu une prolongation de cet arrêt et je me suis approchée du plan qui mentionnait toutes les directions possibles de ces RER
Horreur ! Cette station c'était pas sur ma bonne ligne : J'avais pris la première rame, justement celle à éviter !
Je sors et change de quai pour revenir en arrière et prendre, à la station précédente, la bonne direction.
Pas de chance, on annonce des perturbations sur la ligne ; c'est pourquoi la rame que j'ai quittée est toujours là et que celle que j'attends n'arrive pas ! Enfin c'est débloqué ! Je parviens à la gare de Choisy et cherche le bon quai. Une grande passerelle enjambe plusieurs séries de rails et il y a des marches à monter puis plus loin à descendre car les ascenseurs ne fonctionnent pas ! De plus, je ne trouve pas la direction voulue ! Qu'y a-t-il encore ? Pourtant je suis sure que ce tronçon est sur la direction d'Etampes. Ah oui mais...! De Bibliothèque FM à Juvisy (2 gares après Choisy) c'est direct ! Donc le "bon" train passe sans arrêt à Choisy. Je n'ai pas d'autre choix que de monter dans le premier train qui va ailleurs mais s'arrête à une station commune avec celui qui me conduira, enfin, à St MsO.
Entre temps ma fille avait pu faire ses courses avant de venir me cueillir à la bonne station où je suis arrivée avec plus d'une heure de retard sur les prévisions
Voilà comment "avoir le nez dans le portable" n'a pas favorisé mes déplacements !
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