Claudine et ses images

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Les soupes de Nini

Durant la guerre mes parents étaient en prison pour faits de résistance et  j'ai vécu trois ans, à Fives Lille, chez le frère ainé de mon père, mon parrain. Tous les dimanches il m'emmenait au marché de Wazemmes, à Lille. Nous n'avions qu'à prendre le tram B qui passait sous nos fenêtres et qui traversait Lille en passant par la gare, la  place de la Bourse (actuellement place du Général de Gaulle) et plus loin le marché de Wazemmes. Parrain n'allait pas chercher des fruits ou des légumes, son plaisir était d'aller voir le coin des brocanteurs. Je ne me souviens pas l'avoir vu acheter, mais il regardait, touchait, retournait certains objets.

Et puis nous allions rendre visite à Marcel, son cousin, donc celui de mon père, qui tenait avec son épouse, Léonie, un estaminet, juste sur le coté de la grande halle. Sur la vitrine s'étalait, en demi-cercle, son nom "Sézille de Mazancourt" (eh oui, c'est mon patronyme !) ; nous étions toujours accueillis avec le sourire. Mon parrain commandait, pour lui, un verre de vin blanc et, pour moi, un bol de soupe. Ah cette soupe ! cette soupe  que Nini cuisinait tous les dimanches pour les forains ! Ah cette soupe faite avec des légumes de saison, en été de la tomate, en hiver du chou, qui s'ajoutaient à ceux traditionnels  ! Que je l'aimais, cette soupe ! Elle était si épaisse que cela semblait presque une légère purée de légumes. Et je me régalais ! Si on m'avait privée de cette promenade dominicale, donc privée de la soupe, c'eut été une véritable punition ! A présent, Je pense que je ne risquais rien, car ma tante avait surement besoin que je ne sois pas dans ses jambes pour vaquer aux obligations ménagères du dimanche.

Nini, tu restes  dans mes souvenirs, surtout, parce que ta soupe était la meilleure que je n'ai jamais mangée !



04/12/2014
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