Les réseaux sociaux de ma génération
Un des premiers réseaux sociaux de ma vie fut l'escalier de l'immeuble parisien où j'habitais. On se connaissait tous et là s'échangeraient les bonjours, les nouvelles de santé, et les ragots de quartiers.
Et puis aussi la rue ! Là, l'auditoire s'élargissait et il y avait parfois, surtout en province, des bancs accueillants qui recevaient les confidences, les médisances. Ceux qui travaillaient rapportaient les nouvelles d'ailleurs. Pour les enfants c'était la détente avec d'autres petits voisins, des jeux partagés, et l'on racontait ce que l'on avait fait, ou vu, chez soi ou à l'école
Car il n'y avait pas encore la télé ! Et oui !
Comme le téléphone portable n'existait pas, à l'école on se parlait, on s'insultait aussi. On se montrait des trésors : la carte postale reçue d'un parent en vacances, le dernier magasine acheté, la bille gagnée dans le ruisseau de la rue. On racontait le dernier film que l'on avait vu et ses préférences d'acteurs ou actrices. On parlait de ses exploits à vélo ou en patins à roulettes ou de ses performances dans des jeux. Les plus grands échangeaient des conseils, des recettes, la solution d'un devoir et des coups quand il y avait désaccord. Il y avait des jeux collectifs : la marelle, la corde à sauter, la balle au prisonnier entre autres. Cela doit encore exister, je suppose, avec quelques variantes.
Parmi les réseaux sociaux, il y avait les bus empruntés pour aller travailler ; car, comme vous partiez toujours à la même heure, les mêmes personnes s'y trouvaient et, souvent, finissaient par se parler en s'asseyant face à face ou à côté de l'autre. Dans le métro c'était plus rare.
Pour rêver d'ailleurs, il y avait le cinéma avec les actualités d'avant le film. Le lendemain on échangeait les impressions et ceux qui n'avaient pas vu écoutaient avec envie.
Au retour des vacances, la cour de récré était le "réseau social" où on se racontaient le meilleur et le pire de ce qui s'était passé durant les deux mois et demi d'absence scolaire (14juillet-30 septembre). Avec de la vantardise en supplément ! Les adolescent(e)s avouaient leur premier "vrai baiser"
Pour partager et recevoir, chaque génération a utilisé ce qui était à sa disposition. Je m'estime chanceuse d'avoir vécu dans ce pays à l'époque où tous ses enfants allaient à l'école, avaient des parents qui pouvaient, parfois modestement, les loger, les nourrir, les habiller, les envoyer en vacances (très souvent dans la famille).
Et de la traversée de la guerre avec des drames, j'en ai tiré, en vieillissant, une sorte de "bon sens" que je partage à présent sur les réseaux sociaux, tel Facebook !
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