Claudine et ses images

Le plus intelligent de nos chats !

Zina (abréviation de Zinaida) était arrivée en France pour parfaire ses études d'esthéticienne. Ses parents, qui habitaient San Francisco, étaient d'origine croate et elle-même était née à Zagreb. Ils étaient passés en France quelques temps avant de s'installer définitivement aux USA. Ils avaient alors connu ma soeur et son mari et entretenaient une correspondance irrégulière avec eux. Mais ils avaient recommandé à leur fille de leur rendre visite. C'est ainsi qu'elle se joignit à la bande de copains de Serge, mon neveu, de Michel, mon fils et d'autres garçons et filles. Elle était belle, perfectionna son français et Serge en tomba amoureux. Quand ils se mirent en ménage, chacun avait un chat. Zina avait recueilli un joli petit matou noir qui pleurait dans la rue et l'avait appelé Papillon, on ne sait pourquoi. Serge avait une chatte Mimisse. Et il fallut que les deux  animaux s'accommodent l'un de l'autre.

Et puis, ses études terminées, Zina devait rejoindre San Francisco.  Et évidemment, avec Serge dans ses bagages. Ils se marièrent et ma soeur recueillit Mimisse mais pour Papillon il n'y avait pas eu de repreneur.

Et ce fut à ce moment là que je pleurais Charlie

alors on nous proposa d'adopter ce grand chat noir !

Nous le primes par pitié plus que par envie. Et il a su y faire évidemment !

Ce qui lui plut, tout de suite, chez nous fut le joli papyrus qui garnissait notre séjour. Et la malheureuse plante ne résista pas à sa gourmandise ! Pourtant nous avions un jardin qu'il s'accapara aussi et d'où il chassa Minouche et Duchesse. Il était chez lui et gare aux intrus !

Papillon, vite appelé Papi, était très grand. Quand il s'installait sur moi lorsque j'étais assise dans le fauteuil, ses  pattes étaient sur mon genou et sa tête sur mon épaule. Cela n'avait pas surpris le vétérinaire  qui l'avait classé "chat européen".

La maison face à la notre était celle d'un ancien tapissier et nous sûmes rapidement que c'était un repaire à rats car régulièrement Marcel, en ouvrant la porte pour aller travailler, trouvait sur le palier un cadavre déposé par Papi. Pas la petite bestiole, non  d'énormes rats. C'est pourquoi je dus aller souvent chez le vétérinaire pour faire soigner les abcès occasionnés par des morsures ! j'ai, ainsi, appris à faire des piqures d'antibiotique !

Je fus surprise de la méchanceté de Papi envers un joli chat, semi angora, qui pourtant en se rabaissant devant lui faisait preuve de soumission. Mais "le maître" des lieux lui fit vite comprendre qu'il était indésirable ! Curieusement, une autre fois, je le vis accepter la visite d'un chat noir. Etait-il raciste ?

Papi variait sa nourriture avec des merles. Ceux ci venaient dans le cerisier dans lequel savait aussi grimper Papi. Et ce dernier attendait l'envol de l'oiseau pour sauter et le choper en vol. Et il en ratait peu !

Un des jeux de  Papi était de  me piquer un haricot vert quand je les préparais et de  le mordiller ou l'envoyer en l'air  Curieux  non !  Parmi ses repas préférés  il y avait le poisson mais aussi des aliments inhabituels : il adorait les moules et mendiait lorsque j'en cuisais. J'avais fini par lui en donner avec la coquille pour qu'il me laisse tranquille un moment.

Marcel partait travailler tôt et rejoignait le service de ramassage des ouvriers par autocar instauré par la régie Renault. Il devait tourner deux fois à droite pour se trouver dans la rue en contrebas de la nôtre (je rappelle que notre maison était sur une pente) et, par une autre rue, arriver au point d'arrêt. Et bien, en passant par les jardins, le nôtre et celui du voisin de dessous, Papi le rattrapait et l'accompagnait un bout de chemin.

Marcel avait installé deux trappes permettant  à Charlie de sortir. Une était à la porte de l'escalier menant au sous sol et l'autre à l'un des battants de la porte donnant sur le jardin. Là où ce trouvait le garage de notre voiture. Mais nous avions remarqué que les chattes d'Odette avait trouvé ce chemin pour aller dans notre cuisine et une fois, surement Duchesse, avait réussi à ouvrir notre réfrigérateur et  des aliments avaient été grignotés. Alors la petite trappe  fut bloquée dans le sens de la rentrée. Charlie pouvait sortir seulement Elle servit aussi à Papi. Plusieurs fois il chercha à rentrer alors que j'avais sorti la voiture et fermé les deux battants de porte. Je tapais sur la petite planche pour ouvrir à l'envers et le faire rentrer. Et bien il avait compris ! et c'est lui qui, ensuite, tapait sur la petite planche et retenait sa fermeture afin qu'il puisse passer sa tête et le reste afin de rentrer  chez "lui".

Nous avons essayé de l'emmener avec nous lorsque nous allions camper avec une tente sur rue qui se dépliait facilement. La première et unique fois, c'était au bord d'une rivière, dans l'Yonne. Il nous avait suivi près de l'eau et un jeune chien voulut jouer avec lui. Pas du tout agressif  ! Non, joueur ! Nous n'avions jamais vu cela ! Papi avait le poil tellement  hérissé qu'on aurait cru qu'il avait presque doublé de volume ! Et je n'avais pas l'appareil photos ! Le chien, pourtant bien plus grand que lui, n'a pas insisté !

Vraisemblablement, notre chat n'avait pas aimé ce changement d'habitude alors lors de nos déplacements, nous avons demandé à Odette de venir le nourrir. Et à un de nos retours de vacances, je l'appelais sans succès. Je l'ai cherché et enfin retrouvé dans le jardin. Mais dans quel état. Maigre à faire peur ! Tout de suite le vétérinaire ! Aucune solution possible. Le véto me rappela le nombre de fois où il avait été mordu et infecté par des rats. Il fallait se résigner à l'euthanasier. Alors Papi compris ce qui l'attendait et il se mit à tourner dans la pièce j'aurais voulu le caresser comme j'avais fait avec Charlie mais il s'y refusait.

Malheureuse, je l'ai abandonné en pleurant.