1943 "A Mon Idée"
"A mon Idée" est le nom de l'estaminet qu'avait géré l'épouse de mon parrain que j'ai appelée Marraine. Ce fut là que j'ai vécu durant deux années, alors qu'il était désaffecté.
Le logement était composé de la grande salle qui avait été un débit de boisson, venait ensuite la salle à manger puis un espace séparé en deux : il y avait la cuisine qui s'ouvrait sur la salle à manger et sur la cour qui occupait l'autre partie ; au bout de celle-ci, derrière la cuisine, se trouvaient les cabinets (on ne disait pas WC). Par une fenêtre et la porte vitrée, cette cour éclairait la cuisine et aussi la salle à manger par une autre fenêtre, tandis que la grande salle avait une grande vitrine sur rue. La porte du café ayant été définitivement close, on accédait à l'habitat par un couloir qui longeait le café et la salle à manger. Il débouchait, d'abord, sur l'escalier qui montait aux trois étages puis sur la cour. A mes oreilles résonne encore le bruit grinçant de la porte du fond qui s'ouvrait et ainsi on savait qu'il y avait de la visite ou qu'un locataire rentrait.
Voilà grossièrement le plan des lieux
Passons aux détails ! J'ai essayé de les décrire car certains auront de l'importance dans ma vie future.
Le café avait gardé les installations de travail. Il y avait, côté couloir, le grand comptoir et sur le mur couvert d'un immense miroir, les étagères recevaient les verres, toujours alignés. Le long des murs il y avait des bancs en bois et, devant, des tables y étaient encore. Trônait également un billard et dans un coin se trouvait un piano. Devant une porte (toujours fermée) accédant au couloir, entre l'ouverture vers la salle à manger et la sortie du comptoir, une trappe au plancher. Quand on l'ouvrait, elle était maintenue en l'air par un poteau de bois et l'escalier qu'elle cachait menait à la cave. Parrain, son fils Marcel, mon cousin, et le fiancé de Marie Louise, un Marcel aussi, avaient consolidé cette cave par de solides madriers renforçant le plafond, car c'est là qu'on se réfugiait durant les bombardements.
La séparation avec la salle à manger était une sorte de paravent en bois avec des vitraux de verre brouillés que je crois colorés. Et pour aller jusqu'au plafond c'était un panneau en matière légère, peut-être du carton renforcé.
J'aurais beaucoup à dire sur cette salle. Je me rappelle encore la bouteille d'eau de Seltz et le phonographe restés sur le comptoir. J'ai souvent tourné la manivelle pour entendre les chansons que l'on ne connait plus maintenant. Et j'ai appris à changer les " saphirs" qui glissaient dans les sillons des disques.
Quand je suis arrivée, j'ai donc refait la connaissance de Parrain et Marraine et de mon cousin Marcel qui devait avoir 23 ou 24 ans. Il avait une vue déficiente et portait de grosses lunettes. C'est lui qui jouait du piano ! J'étais déjà familiarisée avec Malou (diminutif donné à Marie Louise), ma cousine et avec Marcel, son fiancé.
Je les ai tous aimés
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