Claudine et ses images

 D'abord, la cheminée !

Dans les logements parisiens construits au début du siècle dernier, il était prévu des cheminées, souvent en angle,  pour chauffer les pièces principales. Celle de la chambre de mes parents était sobre, courante. Par contre celle de la salle à manger (qui était aussi la chambre des filles) était travaillée. Le réceptacle du charbon était comme une corbeille fermée par une double porte et tout les pourtours étaient sculptés. Elle était noire  ou grise selon la façon dont elle avait été repeinte.

Voici  la photo d'une similaire, mais la nôtre était plus belle et prenait tout l'angle du mur jusqu'au plafond car elle était surmontée d'un grand miroir.

Evidemment, jusque 6 ou 7 ans, j'écrivais au père Noël pour demander des jouets, je ne me rappelle plus si j'avais satisfaction mais je pense que je n'étais pas  exigeante.

La veille, je déposais  des carottes  pour l'âne du Père Noël. Et oui on ne  parlait pas de rennes ! Et le lendemain à la place il y avait une orange. et à coté  un jouet. Non, deux oranges, puisque nous étions deux filles à la maison.

Cela peut surprendre qu'une orange fasse partie des  cadeaux reçus. Comment peut-on imaginer à notre époque, où on en voit sur tous les étalages des fruitiers, que ce fut un luxe jusque dans les années 1945 ?

Elles avaient une peau épaisse que papa coupait en lanières fines, une orange et une blanche  avec lesquelles  il nous faisait des roses.

Et chez tante Raymonde et l'oncle Augustin, à l'étage du dessous, le père Noël passait aussi !

Il n'y avait pas de sapin qui aurait encombré l'espace.  La mode en est venue plus tard et je ne sais même plus s'il yen avait  dans les rues et les magasins

L'un des derniers cadeaux reçus fut "le petit imprimeur". Il y avait des petites lettres inversées, en caoutchouc je pense, que l'on devait mettre dans une réglette en métal, mais tout à l'envers car une fois encré, ce que l'on avait inscrit était retourné  et la phrase voulue apparaissait. C'était le Noël 1941 ! Et ce jouet servait de camouflage à celui, plus grand, qu'avait papa pour rédiger des tracts de la résistance !