Claudine et ses images

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La rue de mon enfance

Elle est situé non loin du parc des Expositions à Paris. Au bout de la rue, il y a les ateliers de réparation de la RATP que l'on voyait de la fenêtre. Le matin les premières rames passaient sous l'immeuble (et y passent encore) qu'elles secouaient légèrement, pour rejoindre la station proche. Dans la boutique voisine étaient les laboratoires des "Boules Quies" . Ce nom m'intriguait et c'est longtemps après que j'ai su ce que l'on y fabriquait car on ne voyait jamais personne y venir, peut-être le travail s'effectuait-il dans l'autre boutique, en face ?

 

Mon enfance fut avant et durant la guerre. Période sans circulation de voitures ! Alors la rue étaient aux piétons et surtout aux enfants ! Marcel m'avait dit avoir joué à la balle aux prisonniers sur la chaussée de la rue Lecourbe ! Et la plupart des enfants de l'école goutaient "le sirop de la rue".

J'étais du nombre !

 

Il faut dire que les logements  parisiens comportent, en général, deux pièces principales, une cuisine et des WC. avec quelques placards de rangements. Et comme à cette époque la télé n'existait pas pour les ouvriers, que les jeux sur ordinateur et tablettes étaient vraiment de la science fiction, et encore plus les téléphones portables, car même le téléphone particulier n'était installé que dans des boutiques, les cafés notamment,

alors  pour jouer on avait la rue !

On se retrouvait  pour jouer à chat perché, à cache-cache, quoique les cachettes n'étaient que dans les portes - qui n'avaient pas de codes d'entrée évidemment - ce qui limitait les possibilités ; il y avait les courses de patins à roulettes tout le  tour du pâté de maisons. On se racontait des histoires. Il y avait les jeux de billes ou d'osselets. Comme copains, j'avais Bernard B., le fils de la concierge du 9, François qui était de l'immeuble d'à coté, le fils de Marius, le bougnat  (le prénom s'est effacé avec le temps) et Bidoune, un costaud, fils du bougnat de la rue voisine. Je ne me rappelle pas qu'il y ait eu d'autre fille que moi (Mimie n'avait pas le droit de descendre). Il y a eu, aussi, très peu de temps, le fils handicapé d'une concierge. Il s'échappait de la loge pour nous rejoindre. Il ne savait pas parler, plus exactement il connaissait des mots mais ne composait pas de phrase ; il comprenait ce qu'on disait. Et il avait les jambes déformées. Méchamment certains d'entre nous le faisaient rire, ce qui lui provoquait un besoin d'uriner et cela dans sa culotte courte. Sa maman venait le rechercher et je revois ce regard triste qu'elle affichait. Elle a déménagé  très vite, peut-être pour trouver un endroit sans sales garnements taquinant son pauvre petit.

 

Un jour, effervescence ! A la vitrine de la marchande de journaux, un magasine avait en première page la photo d'un petit garçon qui portait un tricot "fait main"  et la vedette était un de nos petits voisins ! Me revient en mémoire que la fille de cette commerçante fréquentait le frère de ma copine Mimie. Quand on les voyait l'un contre l'autre, on les regardait et cela les gênait ! Ils se sont mariés plus tard.

 

Quand je reviens dans ce quartier, mon enfance resurgit et pourtant rien n'est pareil, les voitures sont agglutinées le long des trottoirs et traverser la rue n'est pas toujours facile. On croise des gens le portable à l'oreille et, si des enfants ont des patins ou des planches à roulettes, c'est pour aller plus vite à l'école ou au stade ou ailleurs.

 

Ne comparons pas ! Chaque époque est différente et les jeux des enfants se transforment au gré des évolutions de techniques.

 

 



19/09/2017
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