Claudine et ses images

Claudine et ses images

enfance durant la guerre

J'avais donc 6 ans et demi lorsque la guerre arriva et mon père fut mobilisé. Il n'y resta pas longtemps car chargé de famille.

Ainsi que je l'ai raconté dans un souvenir précédent, tante Raymonde et oncle Tintin m'avaient emmenée avec grand'mère (qui vivait chez eux) à Dunkerque.  juste avant que n'éclate cette guerre !

Sur la carte syndicale de mon oncle, le dernier timbre est du mois d'aout et quand j'ai retrouvé ce document cela m'a fait un choc ! Une preuve de sa mobilisation et il pesait  100kg à l'époque. Et les souvenirs reviennent de cet oncle que j'aimais bien. Il a été fait prisonnier mais a été rapatrié début 1942 parce que malade  Très amaigri, méconnaissable, il était atteint d'un cancer !

 

Je reviens à ma scolarité. Donc cette année 1939, celle de mes  6 ans, j'aurais dû aller en classe préparatoire mais j'intégrais le CE1 car je savais, déjà, écrire (au crayon), lire et compter ! Je ne garde pas  d'images précises de cette arrivée dans "la grande école". Je me rappelle très bien la directrice Mademoiselle Triadou. Elle était assez petite et  avait des mains déformées ; ce que les enfants remarquaient tout de suite mais on oubliait vite ce détail car ses doigts restaient agiles malgré ce handicap.

Afin d'économiser le chauffage et d'autres charges, peut-être, des écoles avaient été regroupées et la nôtre avait accueilli les classes de l'école Balard. Peut-on parler de "racisme", mais surement de stupidités car on ne se mélangeait pas et je ne sais plus quel surnom on leur donnait mais nous étions, pour elles, les "camembert" (vaguement tiré de Saint-Lambert) ! J'ai su bien longtemps plus tard qu'une de mes amies (d'après la guerre) faisait partie des "intruses". Ce fut lorsque nous avions évoqué le terrible bombardement subi, début 1940, par Paris et la banlieue sud où se trouvaient des usines, notamment Renault. Toutes élèves étaient allées dans une cave, dont Danielle et moi !

 

Après ce bombardement, Maman  avait accompagné grand'mère,  ma sœur et moi à Rennes où vivaient maman Phine, sa sœur ainée (ma marraine) et oncle Ado'f.

Comme j'avais l'âge d'être en préparatoire, on me mit à l'école dans la classe de préparatoire et les maitresses étaient stupéfaites de m'entendre lire couramment, de faire des dictées correctes mais consternées de mes doigts tachés d'encre et de mes cahiers qui en subissaient les conséquences. Mais les grandes vacances étaient proches et je n'y suis pas restée longtemps.

 

 Dans le petit immeuble où nous logions, il y avait d'autres enfants et je pense qu'il devait y avoir une famille juive. Ce qui n'avait aucune importance pour nous dans les jeux communs.  Andrée et moi avions des tas de copains et copines avec lesquelles nous allions dans les champs voisins ramasser, ou cueillir, des petites pommes acidulées. Il y avait dans le jardin de la propriété une sorte de mirador,  d'antenne, dont j'ignore l'utilité. Les enfants s'amusaient  à y grimper un petit peu mais c'était une échelle droite difficile pour nos petites jambes et nous n'allions pas bien haut. Un jour je m'y suis fait mal en retombant à cheval sur une des barres en fer de cette échelle.

 

En évoquant ces vacances, je me sens bien, j'étais insouciante, comme on peut l'être quand on ne sait pas ce qu'est une guerre.

 

Mais .... celle-ci nous a rattrapés ! Un énorme bruit dans la grande route nous a intrigués et la rumeur a grondé :"les Allemands arrivent". On s'est accroupi sous la fenêtre et, lentement, on a soulevé la tête pour voir les chars "Panzer" défiler ! L'image est toujours en moi !

 

Maman était restée avec nous, et faisait quelques travaux dans un café voisin où ne tardèrent pas à s'ajouter à la clientèle, les soldats allemands. Ma famille originaire du Nord avait vécu la guerre précédente sous l'occupation très dure,  à Douai. Maman, en gardait une rancune compréhensible et nous empêchait d'approcher les envahisseurs. Pourtant certains n'étaient pas agressifs. Et l'un d'entre  eux me proposa  du chocolat ! Sous l'œil réprobateur de maman qui me disait de refuser, ben moi j'ai pris cette friandise si rare !  Elle ne m'a pas punie ! J'avais 6 ans et une petite fille ne résiste pas à une telle offrande  !



06/04/2017
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