Claudine et ses images

Aujourd'hui, nous sommes le  8 mai 2017. J'ai assisté ce matin aux cérémonies qui commémoraient la fin du cauchemar de la guerre.

Mais pour moi cette date a aussi une autre signification.

Le 8 mai 1945, j'étais au lycée, à Lille ; nous n'avions cours que le matin : l'après midi était chômé pour fêter  l'écrasement du nazisme.

Et la secrétaire est venue me chercher, m'a interrogée sur ma mère et j'ai aperçu, en bas  dans la cour d'entrée, ma cousine avec son bébé, Viviane, et une autre personne, Maman ? Non trop jeune pour cela !

En fait, on venait me chercher car maman venait d'être libérée du camp de concentration d'Hanovre, dans le nord de l'Allemagne, où elle avait été déportée "travailleuse".

Son retour passait par Lille où je vivais depuis 2 ans chez mon parrain (frère de mon père). Elle était dans un centre d'hébergement en attendant  de prendre un train vers Paris. Et un des jeunes qui aidaient avait bien voulu aller prévenir de son passage.

Alors ma cousine l'a accompagné au lycée pour me prendre et aller dans ce centre.

J'étais sur un petit nuage .... Cela faisait trois ans que je n'avait pas vu ma mère et nous n'avions plus eu de nouvelles depuis son transfert en Allemagne. l'année précédente.

Dans cette immense bâtisse, il y avait un monde fou ! Des hauts parleurs appelaient,  des gens allaient et venaient : c'était stressant (le mot n'existait pas encore dans le langage de l'époque) ... et nous attendions toutes les trois...... comme cela paraissait long ....

Et brusquement " Mademoiselle Claudine Sezille de Mazancourt est attendue porte  ..." Je  me sens encore courir dans un couloir sans me soucier de ma cousine, bousculant ceux qui étaient dans le passage et j'ouvre la porte en découvrant des femmes autour d'une de leurs compagnes, adossée au mur ; j'ai dispersé rapidement ce groupe, j'ai écarté les mains qui cachaient le visage de la femme en pleurs et, devant moi   : "Maman"