Claudine et ses images

Claudine et ses images

Apprentissage et vie professionnelle

Comme beaucoup d'adolescentes, je ne savais pas trop ce que j'allais faire  comme métier.

Des envies sans savoir quelles  pistes y mèneraient !

  • Le dessin plus précisément "dessinatrice de mode" mais il fallait apprendre la couture et ça .... n'était pas mon truc !
  • Que pouvait m'apporter d'être excellente en géométrie et algèbre ? Aucune idée !
  • Le secrétariat ne m'attirait pas.

 

Bon ! le Brevet en poche il fallait bien que je trouve une option !

Maman me fit tester  au pool de secrétariat des usines Renault (où travaillait mon père) et là je fus incapable d'écrire un chiffre assez compliqué. Donc refusée  pour devenir sténo-dactylo ou sténotypiste (lors de réunion, prise des paroles entendues sur une machine avec des mots phonétiques)

 

Petite précision : à cette époque  la Régie Nationale de Usines Renault formait le personnel  dont elle avait besoin. Ainsi Marcel, qui devint mon époux, apprit le métier de modeleur  sur bois, dans l'usine même.

 

 Je fus tentée par la profession de secrétaire comptable : là il y avait des chiffres, du calcul ! Et Je fus inscrite dans une école qui  préparait aux emplois nécessaires au commerce  ; et j'eus le plaisir de retrouver les copines de classe qui m'avaient passé le tuyau. Comme nous avions eu le brevet,  il était admis que nous avions acquis l'Anglais, l'histoire et la géographie ainsi que l'algèbre. Donc  nos cours ne comportaient que les matières nouvelles relatives au commerce. Dactylographie, Sténographie, bases du Droit commercial, du Droit fiscal et du Droit du travail,  Anglais axé sur les relations commerciales, Comptabilité et, en Algèbre,  l'apprentissage de formules destinées au calcul d'emprunts  notamment.

 

Si la sténographie m'amusait, je fus incapable de faire de la vitesse. La dactylo  fut une catastrophe. Et heureusement cette année là, le ministère de l'éducation eut l'idée de séparer les deux professions. Dans la même classe il y eut les élèves destinées au secrétariat et celles destinées à la comptabilité. Je fus du 2eme groupe évidemment. Donc beaucoup plus d'heures de compta et d'algèbre, tandis que les autres  allaient  taper sur les machines à écrire,  plus ou moins obsolètes, ou traduisaient en sténo  divers  textes dictés. Les autres matières restaient communes. Et en  un an , on devait être prêtes  à passer tous les examens ; pour le groupe comptable : CAP  -aide comptable et employé de bureau- et teneurs de livres. Oui tous les examens, car nos professeures nous disaient (et elles avaient raison) passez tous ceux qui sont proposés, vous en aurez bien au moins un  sur le nombre ! J'ai juste loupé le CAP d'employé de bureau.

 

Puis je m'inscrivis dans une école qui formait au brevet de comptabilité. Cette année là fut marquée par le crash de l'avion qui transportait Marcel Cerdan et une  violoniste célèbre, Ginette Neveu. C'est là que j'ai dù apprendre  à écrire  des titres avec  une  plume de Ronde qui donnait des pleins et des déliés parfaits. L'année scolaire se terminait  par un stage en entreprise, un plongeon dans le monde du travail et ses contraintes ! Dans le bureau, ne se trouvaient que des hommes. cinq ou six, je ne sais plus. Ils durent m'apprendre à faire des 5 lisibles car  j'avais tendance à les refermer si bien qu'on pouvait les prendre pour des 6 ! J'ai découvert aussi les racontars. Quand l'un d'entre eux s'absentait, les autres s'en moquaient ou en disaient du mal ! quelle drôle d'ambiance !

 

En comptabilité venait d'arriver un premier "plan comptable"  (1947) agréé par le ministère. Nous étions dans les premières à l'avoir étudié à l'école, et pouvoir le pratiquer. Mais entre la loi et son application il y a un certain temps ....

 

Avant de trouver un emploi d'aide comptable, un ami de mes parents m'employa dans son  bureau qui s'occupait de remembrement. Je devait recopier,  à la machine, les rapports sur les terrains à reformer.  Pas besoin de préciser que ce ne fut pas  une merveille !

 

Enfin un premier travail chez un marchand de tissu en gros. Non loin des Halles ! J'ai vu s'élever Beaubourg dans ce quartier !

 

Et  j'ai dû m'adapter  aux anciennes méthodes  avec pour seuls comptes : achats, ventes, frais de ventes, frais d'achats et frais généraux ! rien à voir avec ce que j'avais étudié ! Mais l'expert comptable a mis en place le nouveau plan comptable. peu de temps après.

 

Dans le même temps, je prenais des cours du soir pour améliorer mes connaissances professionnelles. Et j'allais  à pied de Beaubourg à Saint-Lazare. Belle promenade ces soirs là !

 

Une fois je suis arrivée près d'une manifestation dont je ne me souviens pas les revendications. Et j'ai constaté avec horreur qu'un malheureux passant assez âgé, était tombé à terre poussé, involontairement je pense, par les  policiers qui ne se sont pas soucié de cet homme à terre  qui  a pris des coups de pieds sur leur passage !  J'ai poursuivi mon chemin pour ne pas être en retard mais j'étais secouée par cette image !

 

Mes premiers cours  furent des cours d'auditeurs. Je n'y apprenais pas grand chose et je rejoignis plusieurs de mes copines qui avaient choisi les cours de l'éducation nationale, dans une école près de  la Trinité. Là, l'étude était classique et facile  à comprendre. Il m'a fallu  deux années  pour obtenir le Brevet Professionnel de comptable qui pouvait ouvrir sur d'autres possibilités intéressantes de  la profession. Je n'étais plus aide-comptable ! Curieusement, je fus  la seule de  la classe à l'obtenir ! Ce qui n' a pas empêché  les autres élèves  de réussir leur  métier.  Et je préparais aussi mon mariage !

 

Revenons  à mes emplois

 Car j'ai vécu les progressions de  la profession

Donc premier travail sur des  livres classiques  que je retrouvas aussi chez un expert comptable qui fut mon  deuxième employeur. Mais là, nouveauté, le dossier dont on avait la responsabilité comportait tout. De la prise des  factures d'achats et de ventes jusqu'au bilan ainsi que la confection des documents  sociaux et fiscaux. La patronne  avait le chic  pour nous sucrer des heures supplémentaires de travail. On en faisait peu mais  il arrivait que des déplacements rallongent  nos journées. et elle nous prouvait qu'il y en avait moins que  l'on avait noté !

 

Dans une entreprise  de fabrication d'affiches  ou encarts publicitaires, j'ai dû  tout faire  des tenue de livres  aux paies ainsi que la correspondance. Un expert comptable se chargeait des bilan et déclarations annuelles;

 

Ce fut lui qui me fit engager dans une  entreprise  où chaque comptable avait une spécificité. J'y restais jusqu'à la naissance de  mon fils. 

 

 Après un déménagement en banlieue nord est, je n'ai trouvé qu'un emploi d'employé  comptable dans un pool de tenue de fiches de stocks. C'était ennuyeux  mais je me suis  fait des amies que j'appréciais. Rien d'intéressant. Ah si les premières machines  à calculer ! oh la la ! on tournait la manivelle dans un sens  ou dans un autre  selon qu'on additionnait ou soustrayait. Et une  pour  toutes les filles du bureau ! Et je crois que l'on déplaçait le chariot d'un cran pour faire les  multiplications ! Je me rends compte que c'est devenu flou dans ma tête alors qu'à l'époque, on se disputait  (gentiment) pour pouvoir en profiter.

 

J'ai quitté cet emploi et j'ai eu un autre enfant.

 

Je suis entrée dans un établissement qui avaient des annexes. je ne sais comment l'expliquer. Nous étions  5 comptables dans le même bureau mais nous avions les dossiers d'entreprises différentes.

Nous tenions la comptabilité sur des feuillets destinés aux mécanographes. Un grand progrès ! Elles disposaient de réglettes correspondant aux divers livres comptables. A nous les comptables de réfléchir et à elles de retranscrire sans comprendre ! Nous formions une équipe soudée et quand il y a eu une catherinette, nous avons confectionné le chapeau et fait la fête. C'était quelques jours après l'assassinat de Kennedy ! 


J'ai  profité d'une opportunité et ai repris un poste moins loin de chez  moi. C'était une confiserie ! Il y avait une machine  mécanographique  pour enregistrer les factures mais elle n'avait pas de clavier de lettres - uniquement des chiffres - pour retrouver les éventuelles erreurs ce n'était pas facile ! Mon gros problème fut "les paies" car il y avait des contrats différents  pour des travaux identiques, notamment chez les commerciaux. Et les bureaux étaient bruyants impossible de se concentrer  ! J'ai fait des erreurs qui m'ont valu le renvoi.

 

Je passe quelques expériences sans  importance  et c'est chez un autre expert comptable que j'appris à travailler sur des livres remis à un centre  qui les transcrivait en informatique. J'ignore quelles étaient les machines qui faisaient le travail. Je me déplaçais chez  une partie des clients. L'avantage était la variété du travail. Cela nécessitait une  bonne mémoire car  vous travailliez sur un dossier  et sur un appel téléphonique, vous deviez "sauter" dans les détails d'un autre dossier sans, parfois, avoir le temps d'aller le chercher, donc  répondre de mémoire.

 Ce fut  mai1968 ! Je suis tombée malade  et malgré la fièvre et la faiblesse, j'ai gardé mes enfants  tandis que mon mari était gréviste  à la R.N.U.R.  Quand j'ai repris le travail, mes collègues avaient  établi, de façon empirique, les déclarations fiscales  pour éviter les pénalités . Mais toute la mise à jour des livres comptables était à faire. J'ai dû rattraper le retard  causé par mon absence, alors que celle-ci n'avait pas été rémunérée par mon employeur !

 

Nous avons déménagé et, partis de la banlieue nord est, nous nous sommes installés en banlieue sud. Cela devenait compliqué avec les transports en commun et j'ai trouvé un emploi près de chez nous.

 

Là je suis devenu "enquètrice" car la comptabilité n'avait pas été tenue depuis  un an à peu près et il manquait des documents. J'ai  pu reconstituer petit à petit la comptabilité d'avant tout en  tenant à jour celle du moment présent. Mais l'entreprise était fragile et le directeur trichait. Pour avoir des lettres de change à négocier auprès de la banque, des factures étaient anticipées, rédigées à partir des bons de commandes sans que le travail soit exécuté, puis annulées par des avoirs  donc les lettres de change non réglées par les clients qui ne comprenaient pas à quoi elles correspondaient car, évidemment, les documents restaient internes  à l'entreprise du fournisseur.

 

Puis j'ai travaillé dans une entreprise de routage qui  s'était modernisée en achetant une machine mécanographique à fiches perforées. Un minuscule balai suivait les perforations qui lui indiquaient le travail à exécuter ;  et quand un des poils du balai faisait  diversion, les erreurs étaient dures à retrouver ! Mais il y avait déjà progrès dans la tenue des comptes !

 

J'approchais la quarantaine, j'ai décidé de rechercher un autre emploi  qui serait le dernier. Et la chance m'a souri. Je fus engagée comme enseignante dans un centre de formation professionnelle pour adulte. J'ai dû m'invertir énormément et  tous les passages faits dans les bureaux comptables précédents m'ont aidée par la variété qu'ils avaient.

 

Les stagiaires étaient des adultes obligés  de changer de métier  à cause d'un accident ou d'une maladie incompatible avec leur ancien travail. J'ai dû réapprendre  l'arithmétique car  des calculs le nécessitaient. Et curieusement je me suis appuyée sur l'algèbre pour retrouver  les démarches aboutissant au résultat. Petit à petit  mes leçons d'école primaire se sont  réinstallées. j'ai eu plusieurs mois pour me préparer  à apprendre ma profession à d'autres personnes. Car nous ne nous contentions pas de la comptabilité. Il fallait que tous sachent l'ensemble des matières indispensables pour devenir "aide comptable". Cette profession n'existe plus  car les ordinateurs font ce travail ; maintenant  ce sont des employés de bureau avec quelques bases de comptabilité et beaucoup de dextérité en informatique qui opèrent.

 

J'ai dû réapprendre beaucoup de  détails oubliés sur le "pourquoi" de ce qu'il fallait faire car les appliquer ne suffit pas pour pouvoir transmettre les multiples éléments de la profession. Et pour que les stagiaires comprennent, il fallait  s'impliquer et parfois recommencer  un cours d'une autre  façon  sur la comptabilité, la législation -commerciale, fiscale ou sociale- et aussi la correspondance  avec les tiers intervenant dans une entreprise. Précision importante : une autre enseignante se chargeait de la remise à niveau du français, de l'arithmétique et de l'apprentissage de la dactylographie qui prenaient les trois premiers mois du stage qui en durait  seize. Car ces personnes  avaient quitté l'école depuis belle lurette et  avaient pratiqué  des  travaux très loin de celui qu'elles allaient acquérir (ou non) Par exemple des  métiers du bâtiment, de la coiffure, de la vente, de la couture.

 

C'était difficile et passionnant ! Et j'apprenais, aussi, d'eux des vécus intéressants.

 

Il a fallu aussi se mettre au courant des  modifications qui arrivaient : le nouveau plan comptable !

Cela chamboulait nos cours  dont le contenu n'était plus aux normes.

 

Puis vint l'informatique. Des ordinateurs furent achetés mais les premiers ne servaient qu'à sensibiliser, autant les profs que les élèves,  à l'avenir de la profession. Puis petit à petit  ils se modernisèrent et nous suivions le progrès.

 

Un problème de santé  a bloqué mon apprentissage en informatique et, même si je me débrouillais pour utiliser le matériel, je fus incapable d'enseigner  cette matière nouvelle. 

 

Quand je suis partie en retraite, je m'étais également enrichie  dans d'autres domaines grâce à tous ceux  avec lesquels j'avais partagé ces années là.

Merci mes stagiaires.

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 
 
 


11/05/2021
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