Claudine et ses images

Claudine et ses images

Coeur comblé en Yougoslavie

C'était en 1981 ! Il y a donc 40 ans !

Bien avant que n'éclate la guerre !

Nous avions une tente sur roue. Très pratique, elle se dépliait en quelques minutes :  le lit restait fait ;  durant les trajets, le bloc "cuisine" se posait sur la barre. J'explique cela pour monter la facilité avec laquelle nous pouvions nous installer n'importe où. Donc cela permettait de multiples déplacements

 

Notre première halte en Yougoslavie fut Banya Luka. Jolie petite ville où un habitant nous  fait remarquer avec fierté l'église et la mosquée qui se côtoyaient.

A Sarajévo, un guide local venait recruter sa clientèle sur le camping , situé en banlieue à Ilitza,et nous l'avons suivi il nous expliqua la vie locale lorsque les caravanes s'y arrêtaient pour faire du  commerce, donc nous avons visité un ancien caravansérail, il nous a relaté l'attentat qui nous valut la guerre de 14/18 ; il nous a entraînés dans tous les quartiers : ceux chrétiens et ceux musulmans - c'est stupide de parler de religions, alors qu'il s'agit plus de coutumes, de modes de vie, mais je ne sais pas comment dire autrement  - Je faisais mes achats dans les superettes ou les marchés. Je dois reconnaitre que nous avons dû nous adapter aux produits en rayons sans prévoir  par avance ce que nous allions manger.

Mon mari voulut revoir ZENICA car, après la guerre, il avait participé à la reconstruction des voies de chemins de fer. Il n'a rien reconnu évidemment ! Nous avions mangé dans un petit restaurant où le tourne-broche, avec un mouton, était actionné par une roue de vélo  à laquelle étaient accrochés des gobelets qui recevaient l'eau d'un tuyau. C'était très ingénieux. Les autres consommateurs nous ont fait des signes d'amitiés faisant comprendre qu'ils savaient que nous étions français mais ils ne parlaient pas notre langue !

Nous avons voulu prendre un petite route qui nous semblait typique et sommes arrivés dans un village VRANDUK, où il y avait un vieux château. Nous avons eu pour guides tous les enfants du village ! Et ils ont voulu être photographiés avec nous

Au retour,  nous avons pris des autostoppeurs, ravis d'arriver vite à Zénica. Nous devions être en surcharge, mais comment en laisser sur la route ? 

Une autre heureuse surprise.  Une fin de journée nous sommes arrivés au lac Biogradsko que nous avons longé à pied ; la promenade était agréable malgré le temps maussade et d'une barque il y a eu un appel vers nous "bonne fête !" Un jeune garçon nous faisait des grands signes en répétant " bonne fête" Et oui ! C'était le 14 juillet ! Comment avait-il repéré que nous étions français  ? Il connaissait, en plus, l'histoire de notre pays !

Nous avons poussé jusqu'au Monténégro et sommes restés plusieurs jours à Ulcinj sur le bord de la mer. Cela faisait plusieurs camps complets qui nous refoulaient et celui là, bien proche de l"Albanie, était sympathique. Mais le 1er soir ce fut l'horreur. Nous étions installés à quelques mètres d'un centre de vacances et le soir les estivants dansaient au son de la musique. Cela aurait pu être agréable si de l'autre coté, dans le camp où nous étions, il n'y avait pas eu aussi de la musique, différente évidemment ! C'était, pour nous une véritable cacophonie : la solution fut de prendre notre jeu de scrabble et d'aller nous installer sur la terrasse du bar, loin du centre de vacances, et en profiter pour déguster une bière, ou autre chose. Parfois nous y allions manger. Autour de nous il n'y avait que de la curiosité amicale car le scrabble ne leur était pas encore connu.

 

Sur la route de Mostar, nous nous étions arrêtés dans une auberge nichée dans de la verdure. L'hôtesse m'a offert une rose ! Et  pour le dessert, elle nous a cueilli deux petites poires sur l'arbre proche.

Ah ! Mostar quelle jolie ville ancienne ! Quelle rage a pu pousser ceux qui l'ont détruite ! Sur le pont, et dans la rue qui y accédait,  travaillaient des artisans arabes souriants.  Par contre, de l'autre coté, les habitants de la  partie moderne ressemblaient à ceux d'une ville européenne :  pressés et indifférents.

 Dubrovnik ? Mais nous y sommes allés ! Et nous n'avons pas visité la vieille ville  car, garés loin certainement,  nous avions suivi ceux qui allaient à la plage. Nous avons montré les cartes postales mais on ne savait pas nous dire le bon chemin car personne ne parle français. On a donc renoncé ! Ca c'est souvent notre problème : ce que tout le monde devrait voir, on ne le trouve pas !

 Après avoir vainement cherché un terrain de camping au bord de l'Adriatique - en juillet tout était complet, envahi par des touristes allemands  - nous sommes entrés dans les terres, nous nous sommes égarés et avons échoué, à la tombée de la nuit, dans une petite ville. Dans l'unique café, plein de gens qui ne pouvaient nous héberger, la patronne nous a confectionné des sandwiches avec ce qu'il y avait dans son réfrigérateur et nous avons ouvert la tente sur un terrain au bout du village. Nous savions qu'en général, c'est interdit mais où aller ? Nous avons peu dormi, inquiets quand même ! Et un bruit curieux au matin nous a fait lever et  mettre le nez à la porte : un troupeau de moutons, mené par une vieille femme, passait près de nous ! C'était très touchant : elle nous  salué gentiment.

 

Au cours de nos promenades, nous sommes arrivés dans une ville  à majorité musulmane et c'était le Ramadan. Et bien, malgré cela, dans un petit restaurant, où les personnes présentes avaient nettement le type arabe et ne consommaient pas, on nous a servis des poivrons farcis avec de l'orangeade. Il était, donc, accepté que nous puissions avoir une autre religion, d'autres coutumes ! 

 

PLITVICE ! C'est connu et la réputation n'est pas surfaite ! des lacs, beaucoup de lacs qui se jettent les uns dans les autres par de multiples cascades. Une journée ne suffit pas pour tout voir. Le terrain de camping plein ! On trouve une petite place et nous décidons d'aller au restaurant du camp. Mon époux va se laver les mains  et son voisin de lavabo essaie de lui parler, c'est  sans succès à cause de  la barrière du langage. Heureuse surprise ensuite. Il s'agissait d'un musicien de l'orchestre et nous avons eu droit à une chanson française jouée à notre table ! Quelle gentille attention !

 

La plupart des  terrains de camping avaient des équipements qui nous paraissaient curieux : pas de porte aux douches, par exemple. On finit par s'y faire ! ! La tuyauterie en plomb ne résistait pas longtemps et beaucoup de WC étaient fermés pour cause de chute de réservoir à eau !

 

Quand la guerre s'est déclaré là bas. Nous n'avons pas compris : quel qu'ait été le lieu où nous sommes passés, nous n'avions reçus que des regards amicaux et des attentions  cordiales. Sauf dans certains terrains envahis d'Allemands plus dépensiers que des Français peut être. Mais nous n'en avions pas fait une généralité !

 

Qui avait intérêt à semer la discorde ? Que sont devenus, dans cette tourmente, les enfants de Vranduk, nos autostoppeurs, l'hôtesse à la rose, les artisans de Mostar ou le musicien de Plitvice ?

 

Pacifiste dans l'âme, j'ai eu mal pour eux.



02/09/2012
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