Claudine et ses images

Claudine et ses images

cuisiner et ...moi !

J'aurai pu aimer cuisiner ! Lorsque j'étais aux "cours complémentaires" menant au Brevet, nous avions cours de chant, cours de couture et cours de cuisine.

J'aimais bien ! Et puisque nous venions d'apprendre la recette de la pâte feuilletée, maman m'a laissé confectionner les petits amuse-gueule de l'apéritif lors du mariage de ma grande soeur. Je ne me rappelle plus la quantité de beurre que cela a coûté mais ce fut plus cher que chez le pâtissier.

Et puis, ils étaient très bons, très bien "feuilletés".

Pour parfaire mon apprentissage de future maitresse de maison, maman m'a demandé de l'aider en cuisine ; éplucher les légumes, bon  ça allait ! Mais écumer le bouillon de pot au feu quelle corvée ! Attendre patiemment que la mousse blanchâtre apparaisse et l'enlever au fur et à mesure que des blocs se forment en surface jusqu'à ce que plus un ne se présente. Bouh ! Il faut reconnaitre que je n'ai jamais retrouvé la limpidité du pot au feu de maman chez personne d'autre que mes tantes ou cousine de la même famille. Grand-mère avait dû bien les former.

Bref : pour tout dire cela ne m'encourageait pas à passer autant de temps devant les fourneaux.

 

Mais quand on est amoureuse et qu'on se marie, il faut bien y aller devant les fourneaux !

Cela avait commencé lors d'une permission de "mon promis" qui effectuait le service militaire réglementaire. Mes parents n'étaient pas là. J'avais invité deux copines (à cette époque, 1953, une jeune fille ne recevait pas un homme en tête à tête !) Mais c'était un lundi, jour où les commerçants étaient fermés (eh oui ! Il n'y avait pas de supermarché ouverts y compris le dimanche!) J'ai donc fait un ragoût de pommes de terre mais sans viande. La cuisson a commencé, environ une heure, le matin, puis je l'ai achevée le soir en rentrant du travail. Pour être cuit, c'était cuit ! Limite purée. Et de plus horriblement salé !

Et bien cela ne l'a pas découragé, il m'a épousée un an après

 

Notre petit 6ème, sous les toits, (sans ascenseur évidemment) de 10m2 environ comportait une  pièce mansardée et un recoin cuisine et nous nous étions appliqués à le peindre et le tapisser. Marcel  avait fait des placards et nous avions acheté en urgence un réfrigérateur étant donné la chaleur des lieux en été ; j'ai encore la facture : cela valait plus d'un demi-mois de salaire de pro, pour un volume très moyen (1500à2000€ actuels, je pense). Je précise que nous avions l'eau sur l'évier mais que les "sanitaires" étaient communs à l'étage qui comportait 5 ou 6 logements..

 

J'ai planté le décor

 

Passons aux exploits

 

La première fois que j'ai fait des frites, je me suis rappelé m'être sérieusement brulée, en aidant maman, avec de l'huile qui débordait de de la friteuse. Maman m'avait donc dit : l'huile nouvelle doit être portée à ébullition donc ne pas trop en mettre. J'avais retenu la leçon  mais ce fut plus que de l'ébullition, j'y ai mis le feu. Marcel a eu le réflexe de poser le couvercle pour éteindre;  moi je n'y avais pas pensé ! Mais les murs fraichement  peints de blanc ! Ils avaient bronzé !

 

Et il y a eu aussi "la sauce  Aurore" qui s'accommode très bien au poisson. Je n'ai pas pu en avaler plus d'une bouchée tellement elle était salée. Marcel a fait l'effort de la manger. Je n'ai jamais refait cette préparation devenue "sauce horreur"

 

Les années ont passé mais je suis toujours en difficulté pour le dosage du sel, comme nous devons (je dois) faire attention, cela devient fade ; mais les petits pois et les haricots verts ont une tendance à en recevoir une pincée de trop parce qu'ils ne nécessitent pas beaucoup d'eau de cuisson.

 

La naissance de notre fils nous a obligés à trouver un autre logement. Et nous avons acheté, à crédit, dans une petite cité d'une banlieue, à l'autre bout de Paris. J'aurai pu m'y mettre à cuisiner, mais pour rembourser des dettes il faut des sous, pour avoir des sous, il fallait que je retravaille. D'ailleurs j'en étais contente.

 

Mais car il y a un mais ! quand je rentrais le soir après avoir récupéré Michel à la crèche, il fallait m'occuper des provisions à acheter, de bébé, de la bouffe et du courrier  etc etc... Pour Marcel, c'était un départ au travail très tôt - 6h1/2- : il faisait un semi tour de Paris en bicyclette. et pareil le soir. Quand il rentrait, vers 18h30., il se posait, il finissait de lire son journal en attendant que le repas soit prêt. D'ailleurs moi, je ne pouvais pas être fatiguée puisque je travaillais dans les bureaux (idée bien ancrée chez les ouvriers de l'époque). Alors j'aurais dû avoir six bras ! Et tandis que je m'activais en cuisine, Michel aurait voulu des câlins. Pauvre môme, je l'ai souvent envoyé hors les lieux et j'avais fini par mettre une barrière pour être tranquille.

Cuisiner était devenu un déplaisir

 

Encore un "accroc"  :

Nous avions invité des copains et comme entrée, j'avais acheté, pour la première fois, des langoustines. Mon amie les a regardées curieusement et m'a demandé :

"Es tu sure que cela se mange comme cela ? Je pense qu'il faut les faire cuire !" 

Je les avais servies telles que j'avais acheté c'est-à-dire crues

 

Il y a eu aussi des déceptions.

J'avais préparé un soufflé aux épinards ! La cuisson devait s'achever à l'heure pile où nous passions habituellement à table évidemment. Et  mon plat était parfait ! Beau, appétissant,  bien gonflé. Sauf que Marcel n'arrivait pas ! J'étais inquiète. De plus Michel avait fait une bêtise, (peu importe laquelle) ce qui n'arrangeait pas mon humeur. Enfin Marcel se pointe avec 2 heures de retard parce qu'il avait eu une réunion syndicale ! Et il avait oublié de m'en prévenir ! Mon soufflé avait la triste mine d'un pneu à plat. Je ne l'ai même pas gouté, j'ai laissé le père et le fils en tête à tête et suis allée me coucher.

 

Lorsque nous sommes partis habiter en banlieue sud, la famille s'était agrandie ; notre fils avait 12 ans 1/2 et notre fille 6 1/2. C'est durant leur séjour en colonie que le déménagement a eu lieu dans un pavillon inachevé. Papa est venu épauler Marcel pour les travaux de finition mais il manquait des branchements : l'eau et l'électricité  ; si bien que je devais faire la cuisine sur du matériel de camping et nous avions un WC chimique en attendant la fosse septique. Cela a duré plusieurs mois. Il fallait s'organiser. Je partais travailler au lever des enfants qui allaient à l'école environ une heure après. Ce matin là, j'avais préparé une blanquette de veau et avais recommandé aux enfants d'arrêter sous  le " Butagaz" où finissait de cuire le repas du soir dans la cocotte. Ils ont compté l'un sur l'autre et personne ne l'a fait ! Tout était carbonisé lorsqu'ils sont revenus de l'école. Imaginez mon retour ! Découragée, je suis allée  au lit et les ai laissés expliquer la situation à leur père !

 

Quand les enfants ont été grands, j'ai fait des efforts car je disposais de plus de temps, surtout le dimanche. Cela s'est donc amélioré. J'ai trouvé des simplifications, des astuces, j'ai écouté des conseils. Vous pouvez venir, ce que vous mangerez sera acceptable

 

Le souvenir de mes déboires culinaires est resté et m'amuse ; c'est pourquoi je viens de les partager (et j'en ai oublié  certains)

 



15/02/2018
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