Claudine et ses images

Claudine et ses images

Naissance

Je suis née en 1933 !  A cette époque, on n'allait pas à l'hôpital pour mettre les enfants au monde. Mon beau-père m'avait même dit  que certains de ses frères et soeurs  avaient failli naître dans les champs parce que les femmes, dans l'univers paysan et ouvrier, travaillaient jusqu'au dernier moment au début du siècle dernier (et avant également). Il avait aussi plaisir à rappeler que, dans leur ferme de Seine et Marne, c'était lui qui avait aidé son épouse à accoucher de Marcel (qui devint mon époux longtemps après).

 

Mes parents vivaient à Paris et par sécurité, maman était allée à Douai,  chez Joséphine sa soeur ainée, qui fut ma marraine, afin de ne pas se trouver seule au moment de l'accouchement. Reportez vous en arrière : le téléphone était, alors, un luxe réservé à la bourgeoisie ou, pour leur  activité, aux entreprises et souvent des cafetiers le possédaient car, en cas d'urgence, leur clientèle l'utilisait moyennant rétribution, évidemment. Cela ne nous manquait pas, puisque nous avions l'habitude de nous en passer. Quand on devait  annoncer quelque chose ou demander un renseignement, on se déplaçait  ! ! ! 

 

Marraine, que j'appelais plus souvent manman Phine, habitait rue  Vital Bachelet prolongée (maintenant rue Jemmepes). Cette rue n'était pas pavée, non ! C'était de la terre avec, ça et là, des brins d'herbe et quelques ornières qui récupéraient l'eau de pluie où les enfants allaient faire nager les bateaux en papier. Ah les maisons ? des baraquements en bois entourées de jardins potagers. Les "commodités" ? la cabane au fond du jardin que l'on vidait pour recouvrir d'engrais les légumes. L'eau utilisée était de deux sortes ; celle du ciel arrivait dans des grands tonneaux métalliques et servait aux différents lavages , et l'eau "potable" de la ville, il fallait aller la chercher, avec des brocs, au bout de la rue dans les fontaines publiques. A présent c'est un groupement d'immeubles à loyer modéré et les champs ont disparu pour laisser place à des écoles universitaires, je crois.

Alors où va-t-on mettre la plaque commémorant ma venue dans ce monde ?

 

Donc je suis née dans un baraquement, entouré de champs ; c'était, à l'époque,  en limite de la ville.

 

Ce fut l'occasion d'utiliser un téléphone pour prévenir papa par l'intermédiaire du bougnat en bas de chez nous.  Il a salué ma venue en disant  "Merde ! Encore une fille".  Est-ce que cela m'a porté chance ?

 

Déjà espiègle, j'avais présenté mes fesses au lieu de ma tête et le médecin (à Paris, je pense) avait tenté me remettre dans le droit chemin ce qui m'avait déviée  mais en travers et maman a pas mal dégusté pour me sortir de son ventre. J'étais toute ridée et j'avais la jaunisse des nourrissons !

Donc j'étais moche !

Mais j'étais là !

 



21/09/2017
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