Aimer Danser !
Du plus loin que je me souvienne; il y a des airs de danses dans ma tête !
Tout le monde dansait à toutes occasions dans un coin de couloir, chez nous, et dans des cafés quand un accordéoniste animait la salle.Tous les styles y passaient car j'avais des parents nés fin du 19ème et début du 20ème siècles. (je suis une tardive inattendue née d'une tardive espérée) C'est mon père qui m'a appris à valser, c'est ma tante qui m'avait enseigné les pas de polka !
Début aout 1939, j'avais 6 ans lorsque Tante Raymonde et son mari Oncle Augustin m'ont emmenée avec eux et grand mère, quelques jours, à Dunkerque ! Et nous sommes allés danser dans une grande salle où se trouvait un orchestre de Jacquemart, de robots (Je ne trouve pas le terme exact) comme cela se faisait à l'époque. Sans certitude, je crois qu'ils représentaient des vedettes de dessins animés, Mickey, Pluto etc .. A cette évocation, dans l'oreille me résonne un son métallique ! J'ai dansé avec eux , le Lamber's walk (orthographe imprécise) et une autre dont le nom ne m'est pas resté. Avec l'une, on était en ligne en dansant des pas latéralement tantôt à droite, tantôt à gauche comme les premières figures du Madison de maintenant mais en en se tenant pas le bras. Avec l'autre, le chant se terminait par "Et brusquement on pousse un cri perçant : Wouah !" et là tout le monde criait en levant les bras en l'air. Une ambiance de folie à quelques semaine du début de la guerre !
Puis ce fut presque cinq ans terribles. Je le raconte dans d'autres pages de mon blog.
Après la guerre, on ne loupait pas les bals du14 juillet ! Car à l'époque de ma scolarité, le dernier jour de classe était le 13 ! Le soir, on allait dans des petits bals que les cafetiers finançaient aux carrefours. Devant toutes les Mairies il y avait un orchestre ainsi que dans les grandes cours des casernes de pompiers. Un large choix !
Mais tout au long de l'année, les associations aussi organisaient des bals afin de recueillir des fonds pour divers besoins. A la Mairie du XVè arrondissement de Paris il y avait une salle immense où maman m'emmenait souvent. Il y avait aussi le patronage laïc qui, moyennant finances, ouvrait ses portes aux associations qui souhaitaient fêter un évènement, lancer des débats de diverses sortes, ou faire un spectacle ou un bal. Les opportunités ne manquaient pas ! Celle, qui plus tard devint ma belle-mère, m'avait avoué qu'elle m'avait remarquée car je dansais beaucoup avec mon père. A l'époque , on ne se connaissait pas du tout !
C'est aussi à l'école que l'on apprenait à danser. Solange, nous avait montré les vrais pas de la valse qui permettaient de tourner facilement et élégamment avec ce rythme rapide;
Plus tard j'ai fait partie de L'UJRF, une organisation revendicative de jeunes, orientation gauche voire communiste, et le patronage laïc a souvent été utilisé pour des soirées dansantes
Et quand j'allais en vacances, à Fives Lille, ma cousine et son mari laissaient les enfants chez ma marraine et nous allions danser là où un orchestre, un accordéoniste ou un simple phono permettaient de se déhancher sur une piste plus ou moins grande
Et quand je suis tombée amoureuse, ce fut pour un gars qui n'a jamais voulu apprendre à danser ! et que j'ai épousé quand même ! Mais il aimait écouter la musique donc il venait au bal où nous retrouvions des amis, sans être gêné de me voir dans les bras d'autres hommes.
Lorsque j'ai appris à danser le Chachacha avec ma soeur dans un coin de couloir, c'était un Noël chez mes parents. Et j'étais enceinte de ma fille, née un mois plus tard !
Et je n'ai jamais su danser le rock pourtant arrivé en France pendant mon adolescence !
Il m'arrive parfois (mais de plus en plus rarement) de m'accrocher à un meuble pour vaguement tournoyer au son d'une valse. Car ce fut ma danse préférée.
Ah oui j'ai dansé ! Ah oui j'ai aimé dansé !