Claudine et ses images

 En  racontant, j'ai tiré un fil sur le tricot de mes souvenirs et les mailles se défont une à une. Et, en flashs désordonnés, m'apparaissent les gens et les lieux connus, avec des situations  dont la date ne me revient pas.

Mes parents avaient un ami Georges B, remarié avec une dame qui avait une fille, alors que lui avait un fils Jojo. Lorsque nous allions chez eux, il était fréquent qu'il nous raccompagne avec sa voiture. Dans les bras de maman, je somnolais et il m'est resté cette vision des lumières fugaces  qui passaient dans le véhicule lorsque nous longions un réverbère ou peut-être quand nous croisions une autre automobile

A la communion de ma sœur, j'avais, vraisemblablement, 4 ans 1/2. Ma gourmandise était bien connue mais elle est héréditaire, coté  papa, et elle subsiste, je l'avoue ! Comme le veut la tradition il y avait, pour clôturer le repas, un gros gâteau, surement un moka car il était horriblement sucré et gras. Je ne l'aimais pas beaucoup mais j'ai avalé quand même deux parts ! La famille guettait ma réaction, alors j'ai accepté le défi qu'elle me lançait en me donnant cette part supplémentaire !

Le cousin Georges (Joly) me taquinait souvent en prenant mon nez dans deux doigts et voulait me faire croire l'avoir enlevé en me montrant son pouce coincé dans ces doigts. Je n'y croyais pas mais cela me mettait en colère et je lui reprenais le "nez" pour me le replacer. Je devais être petite car Jean-Claude, son fils,  de quatre ans plus jeune que moi, n'était pas encore né.

Maman nous faisait de la mousse en  chocolat ! Et quel  régal ! tant qu'elle a vécu, elle en  a fait  et a transmis son savoir-faire à ma fille ! Je revois très bien les petits pots, dans lesquels elle déposait notre dessert. Ils étaient blancs avec une tête coiffée d'un bonnet noir pointu, et la publicité qui déclarait "Eleska, c'est exquis", Je ne sais pas ce que sont devenus ces ramequins.

On mangeait aussi les pates "La Lune" et je collectionnais les images à ranger dans des albums appropriés. Plus tard j'ai remplacé les images par des photos et j'ai encore ces albums ! Mais oui !

Je me rappelle aussi de travaux dans la rue qui me menait à l'école : on y défaisait les rails de tramway ! Ce transport avait disparu depuis l'arrivée du métro mais les rails était restés. A-t-on eu besoin du métal ?  La circulation des rares voitures et des autobus a-t-elle nécessité cette réfection ? Peu importe ! Des barrières empêchaient que l'on s'aventure dans les gravas. Et je revois maman, faire une boule de neige et la lancer contre ces panneaux, en riant. Ce défoulement ludique de maman était si peu fréquent que cela m'a marquée.

Au bout de la rue de la Croix Nivert, en perpendiculaire,  il y a la rue de Vaugirard (la plus grande de Paris) et, à ce carrefour, il y avait un cinéma "Le Versailles" non loin du pont de la "Petite Ceinture" devenue une voie  verte pour piétons, peu avant l'an 2000. Et là, j'ai vu "Le Lit à Colonnes" avec Jean Marais et je suis tombée amoureuse de ce beau garçon ! J'avais 7 ans !

Puisqu'on est dans les films une autre anecdote. C'était durant des vacances à Douai. En me promenant avec ma cousine Irénée (dont le fils était, de quelques mois, plus âgé que moi) Nous voyons l'affiche "La Route Enchantée" avec Charles Trenet, les bouts de pieds relevés et les mains en l'air, le majeur bien en vue. Style "Zazou". J'ai essayé de l'imiter ! Cela a fait rire  la famille ! Je me rappelle avoir vu ce film aussi. Et d'avoir aimé les chansons  dont celle-ci : "Vous êtes jolie, mon petit oiseau, près de vous les fleurs ne sont pas si belles ....."  Non, je ne suis pas tombée amoureuse de Charles Trenet !

Mes parents avaient plusieurs disques de Line Dariel et Simons, en "ch'ti". Nous les écoutions souvent. C'étaient des scénettes de la vie quotidienne, avec des personnages que l'on aurait pu croiser dans une rue d'une ville du Nord. "Le marchin d'oches", "Radio PTT Nord à Lille",  "Les carottes sont cuites". Et quelques autres. J'adorais !

Vais-je encore détricoter mes souvenirs ? Je ne le sais pas car cela m'arrive sans que j'en ai eu conscience auparavant !