Claudine et ses images

Parrain était artisan peintre. Il faisait des décors de maisons, de boutiques. Et, pour son plaisir personnel,  peignait aussi des tableaux dont j'ai plusieurs exemplaires. Ma soeur en a eu également, et c'est maintenant ma fille qui a gardé ceux qu'avaient mes parents.

En prévision des festivités du mariage proche,  il avait  redécoré le café de grands panneaux de papier peint  représentant des paysages et dans lesquels se trouvaient des particules lumineuses.

Marraine avait tenu le café autrefois, j'ai des  photos d'elle derrière le comptoir. C'était une gérance d'une grande brasserie dont elle achetait encore la bière  pour revendre ; mais pour la consommation de la maison elle s'approvisionnait  ailleurs où la qualité était supérieure. Elle s'occupait aussi de trouver des locataires aux "garnis". C'est ainsi qu'on appelait les meublés des étages.

Donc il faut compléter la description de la maison. Les étages se composaient, coté cour, d'une pièce moyenne, et,  côté rue, d'une grande pièce, puisqu'il y avait 2 fenêtres, qui donnait accès à une plus petite.

Au premier étage la pièce sur cour était occupée par la maman de marraine  appelée Ninnin, et sur rue étaient les chambres de parrain et marraine, et de Malou qui dormait dans la plus petite. Au deuxième, je suppose, car je ne me souviens plus exactement, devait loger, sur rue, Marcel (B. pour le distinguer du frère) le fiancé de Malou, en attendant leur mariage, l'autre chambre devait être occupée par Marcel, mon cousin.  Au dessus étaient les "garnis", donc avec des locataires : sur rue, logeait Suzy une femme d'une cinquantaine d'années (je suppose) qui avait dû être belle et surement" légère".  Je me souviens d'un jeune homme, Oscar,  qui, peut-être, était dans la  pièce sur cour. Il garda toujours de bonnes relations avec la famille ; parfois, il partageait le repas avec nous. Il y avait un  troisième étage, qui comportait une pièce en plus ! Sur rue, une famille de réfugiés de Dunkerque vint s'y installer. Il y avait plusieurs enfants  qui furent  des copains et copines. J'ai gardé une image de la mère en train d'épouiller une tête de l'un d'entre eux ! Le reste du troisième était occupé par un homme avec un petit garçon blond d'environ 5 ans. Quelques mois plus tard, il devint le compagnon provisoire de la maman.  Personne ne  les jugea !

Où allais-je dormir ?

Eh bien dans le café ! On mit un matelas sur le billard. C'était donc très en hauteur  ! Et, comme décor, j'avais les paysages du murs dont les lumières scintillaient ! Cela dura jusqu'à la mi aout, date à laquelle se marièrent Malou et Marcel B.. Ensuite j'occupais l'ancienne chambre de ma cousine.