l'enterrement de grand mère
Grand-Mère ! Ah Grand-mère qui avait accompagné mon enfance et une partie de mon adolescence. Ma Grand-mère ! !
C'était fin mai 1958. Elle venait de commencer sa 91ème année.
J'ai eu beaucoup de peine.
Dans tous les enterrements il y a des épisodes tristes, d'autres imprévus et parfois, même drôles. Et ce fut le cas !
Il fallait se rendre à Douai et j'ai pris moi-même le volant. Maman était avec nous et je me rappelle qu'elle avait fait remarquer que c'était des Platanes qui ombrageaient la route !
Moralité elle n'avait pas confiance !!!
Et quel jour ? Celui où le président Le Général De Gaulle avait choisi pour faire des meetings dans le Nord, et le premier à Douai justement !
Quand nous voulons rejoindre la maison de tante Thérèse, gros problème ; des gendarmes nous empêchent l'accès dans la ville. Je précise que je vais à l'enterrement de ma grand-mère et ma tenue de deuil faisait foi. Je demande comment rejoindre la rue Vital Bachelet Prolongée (maintenant rue Jemmepes) Réponse du gendarme
" On nous a appelé en renfort . Je ne connais pas la région je suis de Normandie !"
Heureusement mes souvenirs permettent que je trouve une route : je rejoins le canal et, par le chemin de terre qui nous menait à la piscine dans mon enfance, je peux arriver, enfin, chez ma tante où repose grand-mère.
J'apprends qu'elle avait beaucoup souffert suppliant sa fille de la libérer. Mais c'est interdit !
Vincent , le petit-fils de sa petite fille avait cueilli une fleur dans le champ voisin pour le déposer sur "Mémé vieux" mais l'oncle Julien, qui n'aimait pas sa belle-mère, jeta ce témoignage d'affection.
Je ne sais pas si grand-mère était croyante mais bon, il y eut une messe ; et parmi les personnes présentes je reconnus des amis de mes parents et à côté de moi une vieille dame me dit être sa cousine. C'était la première fois que je découvrais des parentés de grand-mère, autres que sa descendance.
Notre cousine Irénée avait fait "le pot au feu" traditionnel aux enterrements car il cuit pendant que se passe la cérémonie. Et après le repas, détendus, on se retrouve entre cousines et cousins dont l'un a lançé des blagues. Et l'on a ri ! Malgré le chagrin ! Louise, une cousine par alliance, a fait remarquer :
" C'est une vieille personne qui nous a quitté. Si c'était un jeune, nous ne ririons pas"
Nous nous sommes séparés au milieu d'après-midi car nous devions rejoindre Lille pour dormir chez une autre cousine. Oui mais Lille, sa ville natale, était aussi la destination du notre président de la République
Donc ce qui devait arriver arriva : on nous a fait bifurquer pour laisser l'autoroute libre et nous nous sommes retrouvés bloqués dans un village. Nous étions voisins d'un camion dont le chauffeur avec ce bel accent ch'ti se lamentait
"Qu'est-ce qu'elle va dire em' femme ? Elle va pas m'croire !"
Quand ce fut enfin dégagé nous avons pris n'importe quelle route et on s'est retrouvés devant une bretelle d'entrée d'autoroute vide, Je l'ai prise évidemment !
Personne devant, personne derrière ! Et pour cause Sans le vouloir nous étions derrière la suite présidentielle qui était passée une demi-heure avant ! Et enfin nous avons rejoint la demeure de ma cousine qui, par chance était en banlieue sud, donc sans passage par centre ville
L'enterrement de Grand-mère est donc mêlé à ces souvenirs de bifurcations
Grand-mère est toujours dans mon coeur. Elle fait partie de ceux qui m'ont forgée, elle a fait, un peu, ce que je suis devenue.
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