Claudine et ses images

Claudine et ses images

Retour à la vie normale

Lors des vacances  je me rendais à Douai dans la famille coté maman. Je retrouvais ma marraine, ma tante Thérèse et ma cousine Irénée dont le fils, Daniel, était né quelques mois avant moi.

 

Pour celles de Noël 1944, j'ai eu une surprise vraiment inattendue puisque Irénée avait organisé un voyage à Paris pour retrouver mon père, ma soeur et grand'mère. J'étais folle de joie. Quelle beau cadeau elle me faisait là !

 

Et imaginez le plaisir des retrouvailles pour mon père et ma grand-mère que je n'avais pas revus depuis mon départ à Lille. 

 

Ce fut une semaine  très agréable mais pour les enfants que  Daniel et moi étions, ça manquait de place ! Nous jouions comme nous le pouvions en courant souvent dans le couloir.

 

Un soir, il se passa un phénomène étrange. En arrivant dans la cuisine pour le repas du soir, je fus prise d'un mouvement incontrôlable. Mes genoux se pliaient et se dépliaient me faisait faire un   va et vient vertical sous les yeux ahuris de la famille. Ma soeur eut l'heureuse idée de me jeter un gant mouillé d'eau froide à la figure pour cesser cette  gymnastique nerveuse.

 

Et enfin cela s'arrêta ! Nous n'avons jamais su ce qui s'était passé pour que mon corps réagisse ainsi. Ce fut d'ailleurs l'unique fois.

 

Et puis je revins à Lille terminer l'année scolaire !

 

Dans un autre article j'ai raconté le retour de déportation de maman le 8 mais 1945.

 

Et les grandes vacances arrivèrent.  Après deux années à Lille, je revins vivre en région parisienne où la famille, enfin réunie, m'attendait. 

 

Mais lorsqu'Andrée  prit des vacances, elle choisit d'aller à Rennes avec moi, chez des personnes qui l'avaient  hébergée lorsqu'elle s'y rendait pour rendre visite à maman dans la prison.

 

Là il y avait un jeune homme qui tentait lui faire la cour mais vraisemblablement elle n'y était pas sensible. Je me souviens de grandes promenades dans la campagne environnante et d'un lieu, Cesson, où se trouvaient des balançoires. Cela est maintenant très vague.

 

Nous avons revu la famille de cultivateurs  dont les enfants étaient nos amis juste au début de la guerre, quelques années auparavant. Et là ce fut la déception pour moi. Mon petit copain Henri ne m'a pas reconnue ou n'a pas eu envie de bavarder avec moi. Nous sommes restées  assises comme des intruses. Seule l'ex copine d'Andrée, qui nous avait invitées à venir la voir, s'est intéressé à nous; elle a donné des nouvelles des filles de la bande d'autrefois à ma soeur.  Les relations se sont terminées à la fin des vacances. 

 

Par contre, il y eut une correspondance régulière avec le jeune amoureux d'elle. Quand Andrée s'est mariée,  elle y a mis un terme peu après car, volontairement, il ignorait Pierre le mari.

 

Lorsque je suis revenue dans cet endroit,  plus de quarante ans après, je n'ai rien reconnu. Le terrain de camping où nous nous étions installés était pourtant dans cette grande voie, là où on ramassait les petites  pommes acidulées,  en face du parc, qui n'existait plus, où se trouvait autrefois la maison où logeait marraine, cette maison d'où nous avions vu arriver les chars allemands. Bien que ce soit logique après tant d'années, j'ai encore été déçue !

 

Je reviens à mon retour.

 

En septembre, il y eut la fête de  l'Huma dans le bois de Vincennes. Papa  tenait, avec d'autres  copains et copines, le stand de la section du XVème arrondissement dont il devait être (je crois) le secrétaire. Quelle fête ! Les stands étaient faits de bric et de broc, des planches ajustées  l'une à l'autre  des grosses toiles pour faire le toit et sur les tables, des grandes planches sur des tréteaux, il y avait des informations, des attractions, des ventes de diverses choses, dont  de la nourriture. Rien de comparable avec celles d'aujourd'hui ! Mais ce fut joyeux ! ! Et Andrée et moi sommes allées au stand des  reporters du journal pour y être photographiées.

 

Maman m'avait inscrite aux cours complémentaires Lacordaire et nous avions des professeurs  très intéressants. Celle de français, nous faisaient jouer  des extrais des pièces de Corneille, Racine ou Molière. Celle d'histoire nous invitait à aller, le jeudi, visiter des lieux historiques parisiens. Mais j'étais la bête noire de mon prof d'algèbre et géométrie alors que j'étais la meilleure. Je n'ai jamais compris comment j'avais pu provoquer cette méchanceté à mon égard. Deux exemples : je n'ai pas eu le prix de mathématique parce que je ne faisais pas d'effort. Evidemment je comprenais tout de suite ! Quand, à la suite d'un malentendu, les élèves qui mangeaient à la cantine ont eu un  zéro de conduite collectif, le mien a été maintenu lorsque des explications ont fait lever cette punition. Je me suis défendue devant la directrice mais rien à faire  j'ai gardé ce zéro parce que je n'ai pas voulu donner le nom des autres copines !

 

Par chance, je n'ai jamais été malheureuse de ces injustices. Ca ne me faisait pas plaisir mais ne me perturbait pas.

 

Et j'ai obtenu sans problème mon Brevet, alors que d'autres mieux classées que moi, ont échoué.

 

 

 

 



30/07/2023
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