Claudine et ses images

Souvent le jeudi, j'allais avec grand mère chez ma marraine, sa fille aînée ; ma mère l'appelait souvent la "Grande"   alors qu'elle était de même taille que  ses soeurs. Ainsi que je l'ai écrit précédemment, elle et son  mari, Papa Adoph', habitaient une loge de concierge près du jardin du Luxembourg.

Le trajet était facile : toute la rue Vaugirard qui  finit à la Porte de Versailles, près de  la rue où nous habitions, et traverse Paris jusqu'au quartier latin où elle débute.  Plus de 4 kilomètres que grand mère et moi faisions doucement. Le métro  était une dépense évitée. A l'époque, la station Luxembourg, la plus proche de la rue Gay Lussac  où nous allions, était un terminus de la ligne de Sceaux, donc surement rattachée à la SNCF. 

La loge, où vivaient marraine et  son époux, était assez grande dans mes souvenirs. Il n'y avait qu'une pièce mais elle permettait d'isoler le lit au fond et le devant, qui servait de salle à manger et à tout faire, donnait sur l'entrée de  l'immeuble et sur la cour. Et pour savoir qui montait les escaliers, l'oeil de boeuf espionnait tout en haut du mur. Une fenêtre  s'ouvrait sur la cour et sur le pan de mur entre elle et la porte  était placardée une page d'un journal que je ne me lassais pas de détailler " Jour de fête" par Dubout. Aucune image ne me revient de la cuisine qui devait pourtant exister.

 Marraine avait une admiration pour la libraire, une de ses voisines et locataire de cet immeuble bourgeois ; quand elle prononçait "mademoiselle ...." , elle en avait plein la bouche ! Cette personne m'a laissé le souvenir  d'une belle femme, peu fière surement pour fréquenter  des simples gens. Son magasin me fascinait avec tous ses livres bien rangés dans des étagères. Je ne pense pas y être entrée souvent mais je regardais de la porte.

Parfois on me payait les marionnettes. Elles sont bien connues les marionnettes du Luxembourg ! Et j'adorais cela ! C'était Guignol et Gnafron (?) et le gendarme toujours rossé dans une histoire simpliste  où la participation des enfants était requise.

Je l'ai déjà évoqué : toute petite, je me suis entichée du théâtre !

Le jardin du Luxembourg possède un immense bassin où les enfants font naviguer leur bateaux. Certains étaient en papier, d'autres grossièrement construits en bois et il y en avait aussi de très beaux achetés dans les magasins de  jouets. Tout autour du bassin et dans les allées, il y avait des chaises pour se reposer mais il fallait payer. Une chaisière, souvent  âgée, passait régulièrement ramasser la location.  Je suppose que cela n'a pas changé.

Ces sorties n'étaient pas désagréables malgré le long parcours. J'y repense avec plaisir.