Vive les vacances
J'avais donc deux familles.
Celle d'origine que la fin de guerre avait reconstituée à Paris et celle qui m'avait accueillie durant deux ans à Lille.
Alors, jusqu'à mon mariage, mes vacances, les grandes vacances, se passaient à Lille, chez mon parrain et ma marraine ou chez ma cousine Malou et sa petite famille.
Et c'était du bonheur !
Malou et Marcel habitaient dans une maison proche de l'usine de Fives, où se fabriquaient, il me semble, des locomotives. C'était donc dans la rue qu'empruntaient les ouvriers qui s'y rendaient. Il y avait deux pièces en bas et une très grande chambre à l'étage. A coté était le café du frère ainé de Marcel, Louis et de Nénette qui avaient quatre enfants dont deux de mon âge. D'ailleurs, l'ainé, André était le parrain de Daniel dont j'étais, et suis toujours, la marraine.
J'étais encore adolescente mais je participais aux rencontres avec des amis de Malou et Marcel (Baert) et surtout on ne manquait pas d'aller aux bals. Les enfants étaient déposés chez marraine et parrain s'il était difficile de les emmener avec nous
Ah j'ai dansé !
Je me rappelle aussi que Malou prenait parfois le volant au retour des agapes. Elle n'avait jamais réussi son permis mais il était plus prudent qu'elle conduise plutôt que ce soit son époux qui avait abusé de la bière. D'ailleurs, elle conduisait bien mais avait paniqué deux fois avec un examinateur qui avait refusé le précieux document.
Une année, je devais avoir 16 ou 17 ans, Marcel avait retrouvé des anciens copains de travail et ils nous avaient invité chez leur soeur qui tenait un café, "Le Mickey", non loin de la gare (ce quartier n'existe plus depuis la construction d'EuroLille) et là aussi on dansait, on riait. J'ai su plus tard qu'il s'agissait aussi d'un lieu de rencontres avec chambres disponibles (bref un bordel !) D'ailleurs des touristes de passages, habitués du lieu, s'étaient montré très entreprenants envers moi qui n'avait pas compris leur comportement. Le fils de cette femme était divorcé et nous avions sympathisé. Au retour de ces vacances là, j'ai fait croire à ma mère qu'il y avait une amourette , ce qui était faux, mais cela la faisait enrager !
Dans plusieurs estaminets nous pouvions danser quand il y avait un accordéoniste. Et les "quatorze juillet" mettaient des bals un peu partout dans les rues et les places (comme à Paris ou ailleurs).
Marcel travaillait dans un garage de bus Citroën. Il était mécanicien et devait veiller au bon état des véhicules qui emmenaient les passagers un peu partout et surtout les fins de semaines au bord de la mer. Lorsqu'il restait des places disponibles, le personnel avait le droit de les occuper à un tarif avantageux. C'est pourquoi nous allions parfois, selon les opportunités. passer une journée à Malo les Bains ou à Dunkerque sur la plage.
Et puis les lendemains de paie de la quinzaine, Malou m'emmenait faire une balade à Lille et il y avait arrêt dans une pâtisserie non loin de l'ancienne bourse. Et ce qu'on y dégustait était un délice ! Autre souvenir : lorsque nous allions le dimanche matin au marché de Wazemmes, elle ne manquait pas l'achat de raisins blancs, son régal, et nous les mangions sur place.
Cela fait du bien à ma mémoire de revenir sur ce passé de bonheur, d'insouciance !
Cela remonte à plus de soixante dix ans
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